Cet article a d'abord paru en pages 2 et 3 du Bulletin de l'AQICESH, numéro 16, Printemps 2017.
Annie Duchesne est conseillère à l’accueil et à l’intégration et responsable de l’accueil et du soutien aux étudiants en situation de handicap des Services aux étudiants à l'Université du Québec à Rimouski.
Cela fait plusieurs décennies maintenant que je suis impliquée sur les plans professionnel et personnel à défendre les droits des personnes vivant avec des particularités et à favoriser leur inclusion et leur participation sociale. La clientèle du service est principalement constituée de personnes vivant avec différentes particularités d’ordres moteur, auditif, visuel, organique ou encore avec un trouble du langage et de la parole, des troubles d’apprentissage, des troubles mentaux, un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) ou des troubles du spectre de l’autisme. Ayant jadis été une étudiante en situation de handicap moteur aux études supérieures, j’ai bien connu la réalité précédant la mise en place des services d’accueil et de soutien aux étudiantes et aux étudiants en situation de handicap. L’intégration se résumait souvent par cette manière de penser : « intègre-toi par toi-même, si tu réussis, tant mieux ; sinon, désolé ».
La détermination et l’implication de personnes qui croyaient au potentiel de ces étudiantes et de ces étudiants particuliers ont permis de développer une vision globale constructive de l’accueil et du soutien à la clientèle en situation de handicap. L’innovation et le développement technologique ont également permis des avancées remarquables et déterminantes en matière d’intégration et d’inclusion. Plusieurs entités comme le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, l’Office des personnes handicapées du Québec, etc. reconnaissent que les services d’aide aux étudiantes et aux étudiants relèvent des dispositions légales qui garantissent l’accès aux droits des personnes vivant une ou des situations de handicap. L’arrivée de l’AQICESH a grandement favorisé la conciliation et l’unification provinciale et le développement de services et de ressources, tout en respectant la réalité propre à chacun des établissements d’enseignement.
La principale mission de ces Services est de soutenir le cheminement social et le parcours universitaire des étudiantes et des étudiants en situation de handicap en mettant en place divers services et diverses mesures adaptées qui leur permettront de répondre aux exigences de leur cheminement universitaire. Il s’agit de préparer les étudiantes et les étudiants à l’autonomie fonctionnelle et organisationnelle. Les étudiantes et les étudiants connaissent leurs droits et exigent une qualité de service optimale. Toutefois, il est primordial de comprendre que les établissements ont l’obligation de service, mais non de garantie de réussite. Ces services assurent une aide adaptée à chaque personne reconnue, en fonction de ses besoins, de sa situation présente et du degré de développement de son autonomie intellectuelle et personnelle. Parmi toutes les aides possibles, certaines sont purement matérielles et d’autres recourent à des ressources humaines de natures différentes (prise de notes, interprétation, tutorat, etc.). Les besoins sont déterminés en fonction de la réalité de la personne. Des personnes présentant une même situation de handicap ont souvent des besoins différents. En quelques mots, ce Service donne les petits coups de pouce qui changent tout; grâce à l’accueil, l’écoute, l’évaluation par besoin et le soutien adéquat, la réussite devient possible. Ces étudiantes et ces étudiants sont comme tous les autres, mais leur cheminement est adapté à leur réalité. L’intervention requiert une écoute active, l’instauration d’une relation de confiance, le développement d’objectifs et de moyens adaptés à cette relation menant à l’autonomie. L’inclusion sociale et la réussite de leurs projets d’études supérieures nécessitent l’implication, de près ou de loin, de diverses intervenantes et intervenants dans le processus d’intégration et de soutien. La collaboration interprofessionnelle est à favoriser. De même, le maintien d’une bonne communication est essentiel. Le tout est effectué dans le respect, la discrétion et la confidentialité. Les enjeux actuels et les défis à venir se situent entre autres dans le cas de l’inclusion des étudiantes et des étudiants présentant des situations de handicap invisible qui rencontrent souvent le plus de préjugés ou de résistances à la reconnaissance de leurs droits (TDA/H, troubles d’apprentissage, santé mentale, etc.). Il est à noter que ce type de clientèle sera de plus en plus présent au sein des universités dans les années à venir. Il est important de se rappeler que l’inconnu fait peur et engendre encore de nos jours des craintes, des préjugés et des attitudes négatives ; l’inclusion et l’acceptation sociale et universitaire passent par la formation et la sensibilisation qui seront toujours nécessaires afin de faire connaître les possibilités de réussite au-delà de la différence.
L’université est une institution d’enseignement supérieur qui se veut universelle, chaque individu étant unique, on ne peut uniformiser les services offerts à une clientèle hétéroclite. L’évaluation des besoins personnalisés doit absolument être maintenue. L’octroi d’enveloppes budgétaires sera toujours un point sensible pour les établissements. L’offre de service et le mode d’attribution ne doivent surtout pas s’éloigner des besoins réels de l’étudiante ou de l’étudiant. Il est essentiel de tenir compte des diverses réalités de chaque université tout en considérant également les spécificités régionales, locales et contextuelles. Le développement de l’autonomie des étudiantes et des étudiants en situation de handicap ne doit surtout pas être remis en question ou négligé pour des raisons budgétaires. Les universités sont au cœur du développement de la connaissance. Les étudiantes et étudiants qui vivent en situation de handicap sont appelés à jouer un rôle contributeur dans la société. Leur place au sein de nos établissements universitaires est cruciale. En développant leur autonomie et leur accès aux connaissances, ils contribuent par leur expérience humaine à ouvrir de nouveaux champs de la connaissance. En terminant, je tiens à préciser que l’AQICESH, qui fête ses 20 ans d’existence cette année, participe activement à l’épanouissement des étudiantes et des étudiants en situation de handicap ainsi qu’à la formation et au soutien auprès de toutes les conseillères et de tous les conseillers du milieu. Sa présence est très importante pour maintenir les avancées dans le domaine de l’inclusion et de la participation sociale des personnes en situation de handicap. L’AQICESH est une communauté de pratiques essentielle dans le monde de l’éducation. Elle a la merveilleuse capacité de s’adapter et de s’ajuster rapidement aux nouvelles réalités. La force de l’AQICESH, dont je suis membre active depuis plusieurs années, réside dans son expertise, la richesse de l’expérience et l’apport de ses membres. Je lui souhaite d’être toujours une référence en matière d’inclusion à l’échelle provinciale, nationale et internationale. En guise de conclusion, voici une citation d’un homme très célèbre : «Tout le monde est un génie, mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide.» — Albert Einstein.
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