La question de l'offre de services en matière de santé mentale préoccupe plusieurs établissements universitaires. Des services de soutien psychologique sont offerts partout, mais comment orienter leur développement pour mieux répondre aux besoins des étudiants, le tout dans un contexte universitaire? Quels types de services, quel suivi offrir, comment répondre à la demande de plus en plus grande, quelles ressources mettre en place? Des études démontrent que la plupart des troubles de santé mentale (environ 70%) peuvent être diagnostiqués avant l’âge de 25 ans, les étudiants postsecondaires présentant ainsi un risque plus élevé d'occurrence de ces troubles. Les troubles les plus communs et au volume le plus important, mais de gravité modérée (low intensity), sont la dépression, l’anxiété et le TDAH. C’est une période également plus à risque pour l’abus de substances et le développement de dépendances. (Source: Pathway)
Dans le cadre d'une demi-journée thématique réservée aux membres du Comité des services aux étudiants, les directeurs ont poursuivi leurs réflexions sur le développement des services en matière d'intervention en santé mentale. Ils ont notamment assisté à des présentations sur les services en santé mentale développés dans deux universités québécoises. L'un des objectifs poursuivis par ces présentations était de comprendre sur quels principes ou connaissances s'appuie le développement des services dans ces institutions et en retirer les bonnes pratiques.
Présentation 1- LE PÔLE BIEN-ÊTRE ROSSY (Université McGill)
Dre Patricia Poulin, qui travaille à l’Hôpital d’Ottawa comme psychologue, et en charge du projet de Pôle bien-être Rossy, a indiqué qu'il est important de s'appuyer sur les dernières recherches en matière de soutien et de soin en santé mentale pour faire des choix éclairés de développement de services. Les travaux réalisés à l'Université McGill sont d'ailleurs en partie appuyés sur les recherches de Peter Cornish qui prône une approche par étapes. On y privilégie alors des systèmes de soins qui s'avèrent plus efficaces en offrant le niveau d'intervention le plus faible justifié par les évaluations initiales et continues. L'intensité du traitement peut être augmentée ou diminuée selon le niveau de détresse ou les besoins de l'individu (Source: Stepped Care 2.0).
L'équipe de McGill a donc décidé de développer les services:
- en créant un guichet unique; tous les étudiants doivent y référer avant de recevoir des services;
- en favorisant l'identification précoce;
- en diminuant les interventions individuelles de long terme;
- en proposant davantage l'intervention en groupe;
- en sensibilisant davantage les étudiants sur la santé mentale;
- en formant le personnel sur les premiers soins psychologiques;
- en développant un réseau de pairs aidant.
Pour en savoir plus:
- Sur le modèle de services en santé mentale de McGill:
L’Université McGill revoit entièrement son modèle de services de santé mentale
- Sur l'approche par étapes:
A “stepped” approach can help to ease access to mental health care on campus
Présentation 2 - CENTRE DE SANTÉ ET DE CONSULTATION PSYCHOLOGIQUE (CSCP) (Université de Montréal)
Virginie Allard-Caméus, directrice du CSCP qui relève des Services aux étudiants, a présenté les services qui ont été développés en réponse à l'enquête réalisée en collaboration avec la FAECUM auprès de plus de 10 000 étudiants (voir le Sommaire exécutif de l'enquête).
30 recommandations ont été émises par le Groupe de travail ayant œuvré sur l'enquête. En réponse à ces recommandations, plusieurs initiatives ont déjà vu le jour:
- les Sentinelles: employés habilités à écouter, dépister et référer. Ils sont volontaires, sélectionnés et formés; ils sont actuellement au nombre de 140.
- les Pairs aidants: projet sœur du programme de Sentinelles; étudiants formés à écouter, dépister et référer les étudiants en détresse; chaque développement de pairs aidants doit être soutenu par un département ou une faculté, engageant ainsi le milieu académique.
- le Défi Soi: Sensibilisation des étudiant[e]s aux dimensions émotionnelle, physique, sociale et spirituelle du bien-être; Acquisition ou renforcement des connaissances sur le bien-être et des activités qui le favorisent
- la campagne Ça va aller: Campagne de sensibilisation conjointe avec la FAÉCUM, la campagne n'est pas au couleur de l'institution pour attirer l'attention sur le message plutôt que sur l'émetteur du message. Il est souhaité que cette campagne puisse être reprise dans d'autres institutions.
Pour en savoir plus:
- Sur le CSCP:
Le CSCP sensibilise les membres de la communauté aux problèmes de santé mentale
- Sur les Sentinelles:
Des sentinelles veillent à la santé mentale des étudiants de l’Université de Montréal
- Sur les Pairs aidants:
Santé mentale à l'UdeM: les étudiants et les employés donnent un coup de pouce
- Sur le Défi soi:
Le Défi Soi: prendre soin de sa santé globale
- Sur la campagne Ça va aller:
Ça va aller: une campagne pour inciter les étudiants à prendre soin de leur santé psychologique
L’UdeM lance une vaste campagne de sensibilisation pour briser l’isolement étudiant