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Promouvoir une vision juste de l'université pour contrer l'anxiété de performance - Texte d'opinion

Stéphanie Vagneux - 10 mars 2021

Caleb Wellum, chercheur associé de l'University of Waterloo en Ontario, se questionne sur le fait qu'on assiste à une croissance de l'anxiété des étudiant·e·s alors que universités offrent de plus en plus de services et font davantage de sensibilisation en matière de santé mentale. Dans ce billet d'opinion How college marketing can exacerbate student mental health issues, il invite les institutions d'enseignement supérieur à un peu d'introspection.

Wellum indique que les causes de l'augmentation des problèmes de santé mentale chez les étudiant·e·s sont multiples : la précarité économique, l'endettement, l'impact du discours médiatique qui entretient une atmosphère de crise, le manque de compétences de coping et les attentes non réalistes face à la vie de certain·e·s étudiant·e·s. Bien qu'il adhère à ces explications, le chercheur propose d'explorer un phénomène qui est rarement mis de l'avant lorsqu'il est question de santé mentale des étudiant·e·s, c'est l'atmosphère d'hypercompétitivité promue par les institutions elles-mêmes.

Et si les campagnes publicitaires des universités vantaient des objectifs difficilement atteignables ou carrément irréalistes? N'y a-t-il pas là un discours contradictoire avec celui qui vient ensuite de promotion de la santé mentale positive où on enjoint les étudiant·e·s à faire l'examen de leur capacité et des outils à leur disposition pour recadrer leurs attentes et objectifs?

En fait, les discours inspirants utilisés en promotion, "Beyond expectations. Boundless impact. Limitless potential. World-changing." (traduction libre : Au-delà des attentes. Impact sans borne. Potentiel sans limite. Changer le monde.), sont difficilement matérialisables pour tous les étudiant·e·s. L'auteur met ainsi en évidence l'écart important entre ce que les institutions mettent en marché dans leur campagne de recrutement et l'expérience étudiante réelle et la plus commune.

Et les solutions proposées par Wellum?

Plutôt que de se vanter des classements et de l'innovation à tout prix, tout en proposant davantage de "services" aux étudiant·e·s, les collèges et universités devraient saisir cette occasion pour favoriser un climat plus sain sur les campus en offrant une vision plus humble et plus holistique de ce qu'est et peut être l'enseignement supérieur pour les étudiant·e·s.

Il est important d'aider les étudiant·e·s à développer des compétences employables. Mais, étant donné les préoccupations importantes et croissantes en matière de santé mentale chez les étudiant·e·s, Wellum ne se dit pas convaincu qu'il faille "exploiter" le désir de réussite des jeunes dans leur carrière pour augmenter les inscriptions.

Plutôt que de répéter les clichés des entreprises technologiques et des entrepreneur·euse·s, il suggère de changer ce discours pour parler davantage d'apprentissage et d'exploration intellectuelle, de recherche de la justice, de la vérité et de la beauté, ou de création de communautés significatives de personnes intellectuellement curieuses et socialement engagées.

Ainsi, selon ce chercheur, un établissement d'enseignement supérieur plus sain devient possible.

Pour lire l'article original en anglais: How college marketing can exacerbate student mental health issues

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